Ici marche Christine, le long des hauts immeubles, sans regarder, sans s’arrêter. Elle est grande et svelte, surtout avec son jean de velours noir et ses bottes courtes à talons très hauts. Elle porte aussi une veste de plastique blanc sur un pull rayé rouge et blanc. Ses cheveux blonds sont noués en queue de cheval, et elle a des boucles en métal doré qui pincent les lobes de ses oreilles. Le vent froid balaie la rue sans fin, venu de la mer, là-bas, de l’autre côté des collines, et qui remonte la vallée du fleuve en soulevant des poussières. C’est encore un vent d’hiver, et Christine se serre dans sa veste de plastique, elle ferme le col avec sa main droite, tandis qu’elle enfonce sa main gauche dans la poche arrière du pantalon, sur sa fesse.
Il y a tant de silence qu’elle entend le bruit de ses talons résonner à travers tous les dédales des parkings, sur tous les murs des grands immeubles, et même jusqu’au fond des caves. Mais c’est peut-être le froid qui l’empêche d’entendre autre chose. Ses talons cognent sur le ciment du trottoir, en faisant un bruit métallique, dur, insistant, qui résonne beaucoup à l’intérieur de son corps, dans sa tête. (LIRE LA SUITE SUR LE PDF)